Dix Vagues met le cap au nord
Durant la délicieuse escale de Vourkari au nord de Kea, dans cette profonde et calme calanque, l’équipage de Dix Vagues se pencha sur les prévisions météo (Meteo Consult, Windy et LaMMA météo italienne) pour décider du trajet vers le port d’embarquement de Cathy, le 15 juillet. Ces différentes agences météo nous promettaient un poussée de Meltem, le réputé redoutable vent de la mer Egée. Nous appréhendions la confrontation avec ce titan. Et legitimement, nous hésitions entre rester planqués ou aller défier le vent et le mer.
Au réveil, effectivement, le vent soufflait dans les haubans même si le mouillage restait d’huile. Après moultes discussions, confiant dans la robustesse de Dix Vagues, nous décidâmes d’aller pointer l’étrave dans l‘arène meltemiemme « pour voir ». À la sortie de la calanque, nous vîmes un sérieux clapot à quelques encablures dans le canal entre Kea et l’Attique réputé pour accélérer le Meltem. Braves, nous décidâmes de tester le fier vent de l’Egée tout en appelant Homère et Ulysse réunis à nous guider dans ces flots tempétueux.
Quelques minutes ne suffirent pas à nous effrayer ni même à nous décourager. Nous avions en face de nous un vent de force 4-5 qui soufflait depuis 5 heures du matin et avait monté une petite houle de 0,80 à 1 mètres tout au plus. Il en fallait plus pour des navigateurs aguerris, dont deux marseillais bons connaisseurs du Mistral. Après une heure contre le vent en direction de l’ile d’Eubée (Evvia), nous attendions toujours que le Meltem nous sorte un jeu plus sérieux. Il n’en fut rien! Sans doute étonné qu’un navire français résiste si bien à ses bourrasques un peu fantasques, il sembla, un peu blême le Meltem, replier ses armes et laisser la mer s’applatir devant l’étrave de Dix Vagues. Et lui ouvrir le chemin vers l’archipel de Petalion.
Bon, en résumé, le Meltem n’est pas plus fort ni plus fréquent que le Mistral entre Camargue et Bandol. Il peut être inconfortable mais avec de bonnes météos il n‘est pas plus difficile à gérer que son frère marseillais. Comme celui-ci il peut souffler 1, 3, 6 ou 9 jours et s’attenuer (en général... ou pas) la nuit.
C’est donc dans ce magnifique archipel aux eaux turquoises que nous pûmes féliciter Dix Vagues de son nouvel exploit: il ne s’en est pas laissé compter par le Meltem.